Claude Nougaro a toujours été pour moi un phare, un obstacle comme lieu de passage, depuis mon adolescence. Pensez donc : même accent du sud-ouest (variations), même tessiture (baryton martin), mélange de technique classique opéra (conservatoire), profane apéro (polyphonie béarnaise). Mais dès que je chantais en français, ça ressemblait à Nougaro bien entendu. Du coup, j’ai tiré ma tessiture vers le haut et de plus en plus vite pour essayer de le larguer. Mais dès que je reviens dans la même tessiture. Il est là, dans le placé (opéra/apéro) !!!
Nous nous sommes rencontrés avec la Cie Lubat. Il est venu chanter au Festival d’Uzeste. Un jour que je le croisais dans les rues de Toulouse, claudi-claudant, les lunettes embuées, il ne m’a pas reconnu (trop de buée sur les lunettes !). C’est Hélène qui lui a alors dit : « Claude, c’est André Minvielle de la cie Lubat ». Il est revenu sur ses pas et m’a chuchoté au creux de l’oreille : « Je suis né dans un trou de mémoire ».
On est parti boire un verre ensemble. S’embuer. Il m’a écrit deux chansons. La lettre N de mon abeced’erre « C’est non » et « K you Kyaw ». Il éclaire toujours mes pensées dès que je le chante. Il a participé malgré lui, à ce que je sois moi-même, dans une autre voix. »
spectacle, musique, André Minvielle,
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