Le public se trouve entre les chanteurs et les danseurs, à l'endroit exact du dialogue, le rapprochant ainsi du rôle central du coryphée dans le théâtre grec. Porté par la langue percussive et organique de Charles Pennequin, entre lyrique et poésie sonore, Air traque toutes les vibrations de l'air à l'intérieur de cet espace respiratoire commun, en quête d'une forme qui ne soit pas un concert, pas un discours, pas du théâtre. Dans Les tambours d'avant, Jean Rouch, venu filmer dans un village du Niger un rituel de possession, déclenche sa caméra pour un dernier plan-séquence où, devant les villageois, une vieille femme enveloppée dans une couverture, commence une danse de possession. Fin de la bobine. C'est la suite de cette scène jamais filmée que Vincent Dupont imagine, cherchant peut-être à savoir où se joue pour nous, aujourd'hui, cette transe engendrée par le regard des autres, des nôtres, et de quel ordre pourrait être son message. Superbement habillé par l'hypnotique chorégraphie de lumières d'Yves Godin, Air est sensuel et mystérieux, à la façon d'un rituel secret : un rituel pour notre temps, un temps où les occasions de s'abandonner corps et âme sont rares...
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