Dans cet écrin de métal et deverre conçu par Jean Prouvé, tel un vaisseau échoué à la lisière du ciel et de la mer, Barthélémy Toguo déploieson univers palpitant, où chaque œuvre résonne comme une vibration du vivant. Ce bâtiment, rigoureux etmodulaire, incarne les contours oniriques d’un submersible enfoui, et dans l’éclat de ses parois métalliques sereflète un bleu abyssal. Dans ce dialogue entre architecture et art, il est impossible de ne pas ressentir la doublenature de la mer, décrite avec tant de justesse par Victor Hugo : « La mer est un espace de rigueur et de liberté. ».
Cette ambivalence de la mer, espace à la fois rigoureux et refuge, trouve une résonance poignante dans l’installation monumentale Road to Exile . Elle s’impose comme une topographie des espoirs et des traversées, où la mer devient témoin et acteur des migrations contemporaines. Ce n’est plus l’océan héroïque des récits verniens, mais une mer lourde d’histoires humaines, traversée de douleurs et d’attentes. Barthélémy Toguo saisit ces histoires avec gravité, faisant de l’océan non seulement un décor, mais aussi un témoin des espoirs et des épreuves.
La mer, dans toute son immensité et ses contradictions, traverse cette exposition comme une figure centrale, à la fois matrice et théâtre. Jules Verne l’exprime avec une puissance visionnaire dans 20 000 lieues sous les mers : « Oui ! je l’aime ! La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. C’est l’immense désert où l’homme n’est jamais seul, car il sent frémir la vie à ses côtés. La mer n’est que le véhicule d’une surnaturelle et prodigieuse existence ; elle n’est que mouvement et amour ; c’est l’infini vivant. » Ce bleu, comme l’infini vivant évoqué par Jules Verne, devient chez Barthélémy Toguo une matière vibrante, un souffle qui relie les œuvres et transcende les espaces.
Le bleu Toguo, omniprésent dans l’exposition, agit comme une matière vivante, un souffle perpétuel qui traverse et relie les œuvres. Tantôt étendu en nappes profondes, tantôt dissipé en volutes légères, il évoque les oscillations immémoriales des abysses. À la fois ancrage et évasion, ce bleu incarne une dualité fascinante : engloutissement et révélation, silence et mouvement.
Source : Open Agenda
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