De Roland Dubillard , adaptation et mise en scène Hervé Van der Meulen Coproduction Le Studio d'Asnières et le Théâtre Montansier avec la participation artistique du Studio – Ecole Supérieure de Comédiens par l'Alternance Créée en 1962 au Théâtre de Lutèce La Maison d'Os – une des pièces les plus emblématiques de l'art de Roland Dubillard – est devenue un grand classique du XXème siècle, un chef d'œuvre du théâtre de l'absurde et de l'humour noir. Un vieux Maître, touchant et dérisoire, - l'auteur lui-même ? mais aussi chacun d'entre nous - prend conscience que l'heure de la mort est proche. Ses domestiques, dévoués mais pourtant critiques (valets, servantes, majordome, cuisinière, mais aussi médecins, prêtres ou avocats…) l'entourent et l'accompagnent dans ses derniers instants, et même au-delà… dans une belle et grande maison que tous semblent habiter mais qui est aussi la métaphore de notre enfermement, la métaphore du corps humain, du squelette, qu'il faudra bien se résoudre à abandonner. Des relations complexes et insolites (Maître et serviteurs - domestiques entre eux - Maître et lui-même – êtres humains et Dieu…) sont ici décrites dans une série de sketches, qui nous parlent avec une mélancolie joyeuse de notre enfance, de nos espoirs, de nos angoisses, de nos rêves... Le tout compose un ensemble singulier et original, à la fois loufoque et métaphysique, cette manière si chère à l'auteur des Diablogues . Ce qui fait l'unité de tout cela - et qui ouvre sur un grand spectacle de troupe à agencer précisément et même chorégraphiquement – c'est le langage merveilleusement musical et poétique de Dubillard. Les mots sont ici à la fête, tiennent en haleine, avec toute leur saveur et leur précision, mais aussi avec toutes les questions qu'ils suscitent. La langue de Dubillard ne cesse d'ouvrir des portes sur l'inconnu, le cocasse, l'inquiétant et le bizarre. Elle fait circuler la pensée en tous sens sans jamais se figer, se scléroser. La Maison d'Os offre mille et mille entrées possibles, nous l'habitons tous, nous nous y retrouvons tous. C'est une source de questionnement sur notre propre vie, sur notre finitude, sur ce qui advient au-delà du « matériel », de la chair et des « os », mais c'est aussi une source de franche « rigolade » (c'est Dubillard lui-même qui l'affirme).
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