De 20h00 à 22h15
25 € plein tarif. Détails des tarifs sur le site du TNP.
Dom Juan a tué. Dès le début, la mort s’inscrit, présence flottante. Dans une atmosphère en clair-obscur très XVIIIe siècle français, le blasphémateur est au bord du gouffre. Le scénario de la défaite se resserre autour de lui. Puisant aux palettes de Watteau ou Fragonard, le décor fait signe vers ce siècle à la sensualité épidermique, entre jouissance des étoffes et odeur de lit défait ; ce siècle où triomphera la figure du libertin, jusqu’aux plus grands excès. Sous l’œil de Macha Makeïeff, Dom Juan sera libertin – non pas celui du Grand Siècle, penseur brillant et libre, mais celui du XVIIIe siècle, scandaleux et insolent. Poursuivi, asocial, malfaisant, Dom Juan séduit, ment, méprise. Élégant et cynique, il se donne en spectacle et y puise une énergie vitale. Homme de théâtre, il a également le sens du chiffre, et compte religieusement ses conquêtes. Jouir du corps féminin, puis l’avilir… Sganarelle n’est jamais loin, complice des frasques sacrilèges du maître, pris dans un jeu pervers de fascination et de haine. Mais voilà qu’Elvire pénètre dans l’antre. Elle est puissante, dangereuse, sublime ; elle se tient bien au-delà du chagrin. Elle fait entendre sa rébellion contre le désir tout-puissant d’un homme. Dans un jeu de miroir baroque, cruel et délicieux, Molière parle de la puissance du théâtre et de l’ambiguïté de la représentation. Et là où Sade sidère et glace, lui ne cesse de charmer et de divertir. En s’emparant de cette grande comédie, Macha Makeïeff interroge sensiblement la place du féminin et des femmes dans cette société d’Ancien Régime. Quel reflet nous en parvient ? Où en sommes-nous de la séduction, du désir, de la prédation ? Après Tartuffe-Théorème, Macha Makeïeff poursuit son investigation autour de la figure de l’homme prédateur. Metteuse en scène, autrice et plasticienne, elle a notamment dirigé La Criée – Théâtre national de Marseille. Elle publie des essais, imagine des expositions et, depuis 2014, conçoit les costumes des spectacles de Jean Bellorini. Pour ce Dom Juan, elle s’entoure de fidèles collaborateurs, comme Jean Bellorini à la lumière ou Sébastien Trouvé à la création sonore. Elle retrouve également Xavier Gallais, inquiétant Tartuffe, qui se glisse ici dans la peau du « grand seigneur méchant homme » ; à ses côtés, Irina Solano donne à Elvire tout son éclat.
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