La violence exercée sur les femmes dramaturges par la « mise en silence » ou l’oubli rend la réflexion sur la parole essentielle. Le texte devient la scène privilégiée du corps enfermé et la violence territoire de création pour ces artistes. Dans cette écriture ambivalente, le geste agressif renvoie le plus souvent au silence assourdissant qui condamne à l’insignifiance.
Dans cette adaptation, hommage au théâtre espagnol fait par ou pour les femmes, le troisième acte de La casa de Bernarda Alba souligne cette forme de dissidence créée grâce à l’acte violent. Si, d’un côté, le silence de Bernarda empiète sur les cris enfermés de ses cinq filles célibataires, de l’autre, le désir enclos éparpille une violence qui asphyxie peu à peu les femmes de la pièce. Au paroxysme de cette violence, Adela, étouffée, reste réduite au geste saccadé et au visage possédé jusqu’à l’anéantissement de sa parole. Dans Al margen, le corps écrasé devient la carcasse de l’essentialisme. Elena, la protagoniste de cette comédie en deux actes, est le bouc émissaire d’une société hétéropatriarcale et bien-pensante qui l’empêche de verbaliser son homosexualité.
0 Commentaire Soyez le premier à réagir