Je suis allé marcher dans la nuit polaire. Ce moment de l’hiver au-dessus du cercle arctique pendant lequel le soleil ne dépasse pas l’horizon. Les nuits sont longues et les jours offrent quelques heures d’une lueur crépusculaire, pendant lesquelles la lumière se reflète dans l’atmosphère, puis sur la neige, et sur la mer de Norvège. Tromso est « la porte de l’Arctique ». Je suis allé chercher le temps long et la nuit. Mais plus que le seul rapport à la pénombre et à l’errance, c’est une expérience physique et sensorielle que de vivre la nuit polaire. La neige, le vent, le froid, la mer, les montagnes, le ciel, la glace, la lumière. Le paysage est majestueux, bouleversant nos habitudes, nos sens et notre sensation de l’espace et du temps. C’est dans ce sens que le projet simplement nommé « Nuit Polaire » interroge le paysage et la lumière comme matière, comme sensation. Les images proposent une vision dérivée de ce qui existe, assumant une volonté de créer comme le ferait un peintre, des atmosphères de couleurs et lumières singulières. Elles seront accompagnées d’un univers sonore pour une expérience plus enveloppante. Toujours à distance du réel, je cherche à prolonger le renversement qu’est la perception de notre environnement dans la nuit infinie. L’atmosphère embrumée, les architectures, l’ondulation des vagues sur la mer… Le craquement de la neige, le souffle du vent polaire, l’immensité du blanc sur les montagnes, contemplation En peu de temps, le ciel qui venait juste de s’éclaircir redevient rose, doré, bleu, pour laisser place à la nuit noire, parsemée d’étoiles et d’aurores boréales. Une vision sensorielle et poétique du paysage, l’écriture d’une dimension cachée.
Benjamin Juhel
Source : Open Agenda
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