PLEASURE PRINCIPLE
Si on fouille à corps le disque, on trouve toute la pharmacopée musicale des quarante dernières années.
Çaroule à 30 sur l'autoroute (Hacienda, dub de descente avec basses abusées) et à 90 en ville (les victimes du roi, hallu fantasy-médiévale arpégiée).
Pleasure Principle a décidé que le code de la route ne s’appliquait pas à son véhicule. Chant en français ni beuglé ni chuchoté, guitares tantôt highlife, tantôt caraïbes, synthés 90, moments MTV à la vulgarité étudiée, traces de tout, traces partout.
Chanteur par obligation, de son aveu même, il s'exécute en scandant ses textes avec la morgue tête-à-claques du chanteur de Ludwig Von 88 en stage de 3ème à Manchester. Content d'être là, mais il voudrait pas que ça se sache. L'air de pas y toucher, Paul Ramon a tiré la langue pour écrire, et il enchaîne généreusement les one-liners de jeanfoutre : "si tu veux fuir le monde l'élégance est de mise", "c'est dans le déni que je m'épanouis." Autant de rasoirs jetables de qualité NF qu'on a hâte de le voir sortir de ses poches en scène, pour saigner tout le monde (en galérant un peu, forcément)
TONN3RR3 TONN3RR3 gronde comme une cérémonie vaudou au milieu d’un bois, invitant l’auditeur à se laisser aller dans la transe et le mouvement du corps, comme seul au monde, pour exorciser ses malheurs. Les 3 membres du groupe voient leur musique comme un triptyque, un mélange improvisé de beats électroniques, de percussions tribales et de mélodies organiques puisant dans des répertoires sans frontière avec pour maître mot le lâcher-prise, pour le spectateur mais également pour eux-mêmes. Sur scène comme sur disque, TONN3RR3 nous fait voyager vers des contrées inexplorées du monde extérieur et de notre monde intérieur, parfois même des lieux encore inexistants. On n’écoute pas la musique de TONN3RR3, on y participe.L’album « Noir Atlantique » s’inspire du concept développé par Paul Gilroy dans son ouvrage The Black Atlantic dans lequel il perçoit cette zone Atlantique comme un espace transnational où s’élaboraient et se mélangeaient les cultures noires depuis l’avènement de l’esclavagisme à grande échelle. Il fait ressurgir de nombreux liens culturels peu connus qui démontrent que la musique circule en permanence et qu’elle se crée par des apports multiples et brassés ; qu’elle n’est en aucun cas le produit d’un environnement fermé sur lui-même. Tout ceci est très proche de la philosophie de Tonn3rr3, un voyage et le croisement des instruments et des genres. Sono Mondiale, Global Bass, No Border, appelez-ça comme vous voulez, TONN3RR3 rejette avec force l’idée d’appropriation culturelle en s’inspirant de leurs coups de foudre, remaniant sans cesse le matériau pour créer une musique fédératrice, qui s’exprime surtout sur le dancefloor, dans le partage avec le public.
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