Wati Watia Zorey Band CHANSON MALOYA - DÉLIRYOM Un violon, un fifre, et le ciel immense s’offre à nous. Deux voix le traversent, duo d’hirondelles jouant de leurs perpétuelles retrouvailles, rejointes par des percussions cognant comme des vagues sur des côtes déchiquetées. C’est « Déliryom », un wati watia – entendez joyeux bazar ou savoureux micmac, ouvert par six zoreys : en créole de la Réunion, des métropolitains de la lointaine France. Mais ces zoreys là revendiquent justement leur créolité comme une famille de cœur, une patrie choisie. Et s’en font une fête. Rosemary Standley et Marjolaine Karlin, dames d’épique autant que de chœur se sont rencontrées en 2008. Six ans (et un premier album) plus tard, les deux chanteuses poursuivent ce grand voyage, explorant d’autres morceaux, toujours en compagnie du percussionniste et docteur des rythmes Salvador Douézy, et de nouveaux zoreys qui les ont rejoints. Même si ce nouveau projet raconte d’autres facettes du poète réunionnais Alain Peters, mort en 1995, il s’aventure aussi vers d’autres terres créoles, d’autres îles où la musique et le chant sont bien plus que des divertissements : une manière d’être au monde.
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Lagon noir AFROPUNK, PSYCHÉ, JAZZ - CRÉATION Lagon noir, c’est polar. Une enquête de mémoire, les yeux dans la flaque, le sang sobre et liquide. Le saxophoniste Quentin Biardeau et le bassiste Valentin Ceccaldi, tous deux issus du flamboyant Tricollectif, nous convient à une rencontre avec la chanteuse réunionnaise Ann O’aro et le batteur-percussionniste-chanteur burkinabé Marcel Balboné. Le quartet dessine des rivages sur lesquels se poser, au fond du temps. Un sourire étanche au coin des lèvres. Télescopage électrique, remous de synthétiseurs mourant sur la lie amère d’une basse fender, textes débrayés arguant son joual comme son créole, signant des doigts une poésie à défraîchir les coraux de laquelle s’envolent les mélodies bissa et la verve rageuse d’un saxophone arraché à la course vive du wet bimdé. La batterie de calebasses avec ou sans corde soulignant les contours d’un dialogue entre Burkina et Mascareignes, Paris et Ouaga. Lagon noir c’est le goût salé de l’eau, les boucles alourdies de pluie, le port et ses armements, l’essoufflement des colonies.
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