Quelques mois après la sortie de son deuxième album Nuits sans sommeil, Cléa Vincent est retournée en studio à Midilive, ancien studio mythique Vogue, pour donner vie à six nouveaux titres qu'elle a composés cet hiver. L’auteure-compositrice a opéré une recherche méticuleuse et une plongée dans de nouvelles sonorités qu’elle a mélangé à sa signature pop / french touch : elle crée une piste de danse folle où reggae, salsa, cumbia, bossa nova et jazz se mêlent à la chanson pour aboutir à ces six titres fougueux, lumineux et spontanés. Ancienne élève assidue du Conservatoire, Cléa fait d’un piano jazz la colonne vertébrale de cet ouvrage, un clavier qui se promène d’outro (« Bahia ») en montuno cubaines (« Congas »). Cléa cite les Brésiliens Caetano Veloso et Chico Buarque ou encore Baden Powell -dont le fils, Philippe, lui a enseigné le piano- parmi les sources d’inspiration majeures de ce disque. Elle sera en Septet au Sunside le 28 mai pour un concert unique et intimiste.
Cléa Vincent
Difficile d’écrire la biographie de quelqu’un qui a encore tout à vivre. C’est au futur indicatif qu’il va falloir conjuguer les talents de la parisienne Cléa Vincent. Elle est jeune, volontaire et capable de tout, à l’image du hit indémodable de Minnie Ripperton (Young willing and able). Elle aime les ambiances de jungle hexagonale à l’instar de Yelle ou du trop méconnu premier album de Chagrin d’Amour. Antidote acidulé aux pâles fantômes de la french pop (de Taxi Girl à Lescop), ce premier LP fait l’effet d’un gin fizz sur le parking d’une boîte où l’on serait très désireux de pouvoir entrer
Comme une France Gall imprégnée de culture dance, Cléa enchaîne ses chansons à la vitesse haut-débit d’Alice au pays des merveilles sonores. Une recette de l’amour fou sortie de l’alambic Séverin, chanteur ne se contentant pas de plaire aux jeunes demoiselles, sachant aussi devenir leur brillant couturier sur-mesure (Liza Manili, déjà). Prendre les chansons de l’album une par une reviendrait à disséquer une grenouille vivante en cours de biologie. Il y a une telle tenue - et même teneur - dans cet album de l’immaturité qu’il serait disconvenant de l’aborder en pièces détachées. Cléa fait démarrer son histoire dans une ville-fantôme sans garçon, nous fait passer par plusieurs états de fièvre amoureuse avant de nous abandonner sur une promesse de recommencement. Indisciplinée, ne chantant qu’à sa tête, Cléa invoque un grand « Méchant Loup » et ose, dans sa « Dérive du Lendemain », un couplet en onomatopées - pas entendues depuis Jacques Higelin.
Quelle arrogance, pour une artiste de 2013, de convier à sa table tant de fantômes, démons et autres crustacés fantasmagoriques pour nouer avec eux un dialogue dans une langue happée, coulée, parfois étrange… Mais toujours en rythme ! La Baby Pop des années 10 gambade sur un chemin si peu évident qu’on va finir par l’emprunter.
0 Commentaire Soyez le premier à réagir